Montagnes-magazine.com, Première ascension de la face nord-ouest du Sura Peak pour Marek Holecek et Matej Bernat

Le Sura Peak. © Marek Holecek
24/06/2023 12:44

Première ascension de la face nord-ouest du Sura Peak pour Marek Holecek et Matej Bernat
Du 20 au 23 mai, les Tchèques Márek Holeček et Matěj Bernát ont ouvert Simply beautiful, la première voie de la face nord-ouest du Sura Peak (6 764 m, Népal), après quatre jours d'ascension en style alpin.
Une face inexplorée
Il s'appelle Hongku (Hongu ou Hongku) pour les uns, Sura Peak pour les autres, se situe quelque part entre le Baruntse et le Chamlang dans le Mahalangur Himal népalais, culmine à 6 700 mètres et des brouettes, et vient d'être gravi par deux Tchèques, Márek Holeček et Matěj Bernát. Sa deuxième ascension officiellement dans les tablettes après celle de du Népalais Pemba Sherpa et du Japonais Hiroki Nakayama en octobre 2019 par la face nord-est.
Cependant, comme le note IÄmerican Alpine Journal, « l'histoire de l'escalade sur le Hongu n'est pas tout à fait claire, car la plupart des ascensions ont été réalisées par des groupes sans permis ou avec des permis pour des objectifs proches. » Autorisée en 2003, cette montagne – à ne pas confondre avec le Hongu Chuli (ou Pyramid Peak, 6 833 m) plus à l'est – a connu sa première ascension répertoriée « en octobre 1983 par Sepp Egarter et Volker Klammer, qui ont gravi l'arête sud-ouest, après s'être acclimatés durant l'ascension du Nau Lekh (6 262 m), toujours selon Lindsay Griffin de l'AAJ. L'arête sud-ouest a été répétée plusieurs fois et classée autour de D (1 200 m). »
Quoiqu'il en soit, les Tchèques ont choisi la face nord-ouest, a priori jamais explorée, ou ils ont ouvert Simply beautiful (1 300 m), comme un résumé en deux mots de leur aventure. Pour l'accompagner dans sa nouvelle aventure alpine, Márek Holeček, bien connu des parois himalayennes après ses deux Piolets d'Or – 2018 pour on en face sud du Gasherbrum I (8 080 m, Pakistan), 2020 pour son ascension de la face nor-ouest du Chamlang (7 319 m, Népal) –  avec Zdenek Hak et son improbable odyssée au Baruntse (7 129 m, Népal) avec Radoslav Groh en 2021, a choisi Matej Bernat : « un garçon plein de jeunesse, qui court sans cesse et qui est réparateur de prothèses dentaires ».
Barriére rocheuse et bivouc suspendu
Ce n'est pas une rage de dent, mais bien une fièvre qui a accueilli ce jeune Bernat au camp de base après deux jours de marche. Après quelques jours de répit, et quelques-uns supplémentaires offerts par la météo, la cordée décolle néanmoins du camp de base après s'être fait une idée de la voie : « Un spectacle magnifique et glacial à la fois », décrit Márek Holeček au pied de la face.
« Des falaises de glace abruptes s'élèvent du glacier, ressemblant à une jupe pliée. Au deuxième tiers, la paroi est traversée par un surplomb rocheux », le crux anticipé de la voie, rendant la retraite compliquée ; « au-dessus se trouve une calotte glaciaire de couleur bleue avec une belle récompense au sommet ». La cordée prévoit « trois bivouacs aériens qui ressembleront à un nid d'hirondelle collé à la paroi et un sur l'arête de descente. »
Au premier jour, les voilà donc à remonter la jupe glacée du Sura Peak, avec une seule section raide et un bivouac sous tente dans une aspérité trouvée en chemin. Pas pire, comme entame. Le deuxième jour ne laissera pas le même goût en bouche aux deux alpinistes : « l'enfer sur terre » d'après le lyrique Holeček, qui décrit une roche friable dans le surplomb, une escalade difficile et surtout, un bivouac qu'il image comme « une sorte de sac poubelle suspendu ». Matej Bernat se contente lui du qualificatif « catastrophique » pour décrire cette nuit passée sous les chutes de neige et les rafales. Voici donc nos deux alpinistes moins en forme au troisième jour, s'attelant à sortir de la barrière rocheuse pour de bon. La fatigue et la météo les contraint à s'arrêter 150 mètres sous le sommet, une brèche les accueillant inespérément pour une nuit plus confortable que la veille.

Le 23 mai, les voilà qui pointent au sommet. « La joie ? J'aurais du mal à décrire ce sentiment ainsi », a réagi Holeček, qui décrit toutefois la vue panoramique du sommet, « tout l'Himalaya dans la paume de la main » : « à gauche, mon amour le Chamlang, puis le Makalu, le Baruntse, le mur noir du Lhotse, derrière lui le Cho Oyu azuré, aussi la pyramide du Pumori, le « Popsicle » (glace à l'eau, ndlr) Ama Dablam et au sud des douzaines d'autres sommets ». Le temps d'une photo, et les voici à descendre sur « une longue arête qui ressemble au dos pointu du Lochness tombant dans la vallée » pour arriver au camp de base onze heures après. Simply beautiful, disent-il.
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